BOUQUINER AU MAROC

« La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté. »

Depuis le lancement du projet en 2010, le projet rencontre un véritable succès auprès des enfants et des enseignants et il devient le projet phare de l’accompagnement d’EMA dans les écoles. Ce projet est entièrement soutenu par la Fondation d’Arfeuille sous l’égide de la Fondation de France.

A ce jour plus de 13 établissements sont concernés, avec plus de 5 000 bénéficiaires et plus de 7 000 livres distribués. La lecture hebdomadaire proposée par les animateurs auprès des enfants est un facteur fort de la réussite de ce projet.

UN CONTEXTE DIFFICILE

Au Maroc, le livre est souvent inaccessible, et plus encore aux enfants :

  • Le Livre référence reste le Coran. Jusqu’à une époque récente, beaucoup apprenaient à lire en psalmodiant ses versets. Aussi, le livre revêt encore aujourd’hui un caractère sacré.
  • Les rares bibliothèques sont surtout constituées pour le prestige; on ne prête pas un livre à un enfant, il risquerait de l’abîmer.
  • Depuis toujours, les contes ou autres histoires furent transmis oralement. Ce n’est que récemment que sont apparus les premiers romans édités en arabe.
  • Hors des grandes villes, on ne trouve guère de librairies. De toutes façons le livre est un produit cher que ne peut s’offrir la majeure partie de la population. Faute de clientèle, la littérature arabe pour la jeunesse est presque inexistante.

C’est ainsi que la plupart des enfants marocains n’ont jamais reçu un livre en cadeau, et à l’exception des manuels scolaires, n’en ont même parfois jamais tenu dans les mains.

Une mission première de l’enseignement primaire, c’est l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Mais la tâche se révèle difficile dans les écoles publiques marocaines qui accueillent principalement des enfants issus de milieux défavorisés:

  • A son entrée à l’école l’enfant de 6 ans ne parle et ne comprend pas toujours l’arabe car souvent à la maison on utilise encore un dialecte local.
  • Beaucoup d’élèves sont issus de familles dont les parents sont analphabètes. On ne peut donc pas compter sur eux pour aider leur enfant à apprendre à lire, encore moins pour leur faire découvrir le plaisir de bouquiner.
  • Les effectifs de certaines classes dans les écoles publiques atteignent 40 voire parfois 50 élèves. Dans ce contexte, même les meilleurs enseignants ne peuvent apporter à chacun l’attention individuelle nécessaire.

C’est pourquoi, en troisième année, quand le programme impose de débuter l’apprentissage du français, on constate que trop d’enfants ne maîtrisent pas encore convenablement la lecture et l’écriture de l’arabe. Ils risquent alors de quitter l’école obligatoire sans posséder les bases élémentaires ni en lecture et ni en écriture, et ce dans aucune des deux langues.

Dans ce contexte difficile, la Fondation d’Arfeuille finance et anime le projet « Bouquiner* au Maroc » destiné à aider des enfants marocains issus de milieux défavorisés à accéder à la lecture et au plaisir de bouquiner. Ce sont près de 10 000 écoliers, dans une trentaine d’écoles publiques, qui ont déjà bénéficié de ce projet lancé en 2009.

``Bouquiner`` c'est lire avec plaisir un ``bouquin``, c'est à dire un livre que l'on aime, qui nous captive.

Notre proposition : Des ateliers lecture dans les écoles primaires.

Nous proposons d’intervenir dans les établissements publics primaires avec la complicité de l’instituteur pour l’aider à motiver ses élèves à la lecture.

Nous organisons ainsi dans chaque classe des « ateliers lecture ». Notre intervention (en arabe) dure environ une heure ; Elle est effectuée par un animateur (ou une animatrice) passionné(e) de lecture et de bon contact avec les enfants, sous la responsabilité d’une association marocaine subventionnée par la fondation d’Arfeuille.

Ces ateliers concernent tous les niveaux de primaire, des plus petits qui ne savent pas encore lire, aux plus grands.

D’abord un exposé (le plus interactif possible avec les élèves) sur le thème des « livres qui racontent des histoires » : les romans, les contes, les livres qui font rire, ceux qui font rêver, les récits d’aventures ….

Suit la présentation de cinq ou six livres, en langue arabe.

Puis vient la distribution. Les élèves passent devant les piles de livres, les feuillètent timidement, prennent leur temps, enfin arrêtent leur choix. Chacun pourra en emporter un chez lui.

Le livre sélectionné lui appartient désormais ; pour qu’il en prenne bien conscience, (et éviter toute confusion avec celui d’un camarade), il inscrit son nom en première page, à l’emplacement prévu.

Enfin dans les classes de niveau 3, 4, 5 et 6, l’animateur présente le « coffre à bouquins » qui va rester à la disposition de la classe et explique son mode d’emploi. Il contient une douzaine de titres qui pourront être empruntés à tour de rôle par les élèves.

Pour les plus jeunes, niveaux 1 et 2, comme on ne peut pas envisager de leur prêter un livre en les rendant responsable de son retour, quelques exemplaires sont laissés à l’instituteur qui pourra ainsi organiser un « coin lecture » en fond de classe.

Nous proposons un suivi de l’opération avec les professeurs, pour relancer l’emprunt des livres par les élèves. Si « le coffre à bouquins » fonctionne bien, on reviendra apporter des livres supplémentaires.

Le « Coffre à bouquins »

Nous évitons le terme de bibliothèque de classe, qui fait référence à un meuble où les livres sont trop souvent exposés hors de portée des élèves, pour adopter celui de « Coffre à bouquins » : Un coffre, cela évoque un trésor, nos bouquins ! et dans un coffre, on peut fouiller à loisir, prendre et remettre, ce n’est ni bien rangé ni aligné.

Le coffre sera ouvert au moins 2 fois par semaine durant la récréation. Il contient de 10 à 15 titres, de langue arabe, adaptés à l’âge des enfants. On pourra ajouter quelques titres en français dans les classes de niveau 5 et 6.

Avec la complicité du professeur, Il est très important d’associer les enfants au fonctionnement de ce coffre : un élève sera désigné chaque semaine pour en être responsable. Il aura pour mission d’ouvrir et fermer le coffre, de tenir à jour le carnet de prêt, et éventuellement de relancer ses camarades qui n’ont pas rapporté un livre emprunté depuis plus d’une semaine.

Chaque élève exercera donc cette responsabilité à tour de rôle au moins une fois au cours de l’année scolaire ; cela lui permettra de réaliser concrètement comment fonctionne une bibliothèque de prêt ; ainsi il osera plus facilement fréquenter celles qui lui seront proposées plus tard au collège, au lycée ou en ville.

Un carnet de prêt sera relié au coffre par une cordelette pour éviter de l’égarer. Sur ses premières pages sont indiqués la classe, le mode d’emploi pour les prêts, et la liste des livres mis à disposition (à chaque livre sera attribué un numéro, ce qui facilitera ensuite l’inscription des prêts).

Puis, pour chaque semaine, le responsable du coffre utilisera une double page du carnet, inscrira la date et son nom et tracera soigneusement un tableau comportant 4 colonnes : « date d’emprunt », « nom de l’emprunteur », « titre emprunté » (ou numéro du livre), « date de retour du livre ».

Le coffre devra disposer d’un cadenas. En effet la même salle héberge souvent une classe le matin, une autre l’après midi, qui doivent avoir chacune un coffre distinct.

Dans beaucoup d’écoles, on trouve des cartons de livres qui s’empoussièrent dans une réserve, faute d’être mis à la disposition des élèves. Tous ces livres doivent pouvoir être répartis dans les différents coffres de livres de chaque classe, et ainsi rendus accessibles aux enfants.

Certaines écoles sont déjà pourvues d’un local « bibliothèque ». Mais il est rare qu’un professeur soit disponible pour accueillir les élèves qui en franchissent le seuil et les horaires d’ouverture sont souvent trop réduits. On constate le plus souvent que cette bibliothèque d’école n’est fréquentée, dans le meilleur des cas, que par un petit nombre d’élèves, ceux qui maîtrisent le mieux la lecture. Ces bibliothèques ne font pas double emploi avec les coffres de livres mis à disposition dans la classe. Ces derniers ont pour but d’inciter tous les élèves de la classe à emprunter des livres ; Ils deviendront sans doute ensuite les clients assidus de la bibliothèque de l’école.

Merci à notre partenaire:

Fondation d'Arfeuille